Les textes

04 Décembre 2018 -  L’ART DE VIVRE DE SWAMI NIRANJANANANDA SARASWATI


Il y a beaucoup de systèmes et d’écoles de pensées dans le monde. Le facteur commun et le centre de toute expérience est l’être humain. Donc, concevoir une école de pensée ou de croyance, une philosophie ou une religion, sans l’être humain est impossible.
Quelles sont les exigences pour avoir une vie heureuse, saine et pleine de succès ? Le contentement, un sentiment d’harmonie, une expression de créativité et une expérience de paix intérieure qui vient avec la connaissance de « je ne suis pas seul, je suis guidé, je fais partie de quelque chose qui n’est pas fini ». Ce sont les exigences de base de la vie qui peuvent changer la nature, la personnalité, l’attitude et les aspirations.
Beaucoup de gens ont trouvé une méthode, une voie par laquelle ils peuvent atteindre l’état de réalisation. Tous les systèmes de croyance dans le monde ont projeté un aspect de compréhension qui est valide pour un groupe d’êtres humains avec un certain type de mentalité. Nous devons regarder tous ces systèmes comme un processus d’éducation afin de développer notre propre compréhension et notre mental et finalement arriver à une conclusion basée sur notre propre expérience.
Il y a un épisode dans le Ramayana dans lequel Tulsidas décrit le voyage de Rama, Sita et Lakshmana dans la forêt. Il est écrit qu’ils marchaient en file indienne. D’abord venait Rama, puis Sita et puis Lakshmana. Rama représente la nature cosmique universelle, Dieu ; Lakshmana représente la nature humaine individuelle et au milieu est maya, la force, la shakti. C’est une description juste de la création et de la vie parce que quoiqu’il y ait des qualités inhérentes certaines que nous partageons en tant qu’être humain, en raison de la permutation et de la combinaison des gunas, ces qualités s’expriment différemment dans chaque vie. Réaliser la connexion :
Dans ce monde, nous sommes liés les uns, les autres. Nous ne sommes pas juste des unités individuelles. Le souffle nous relie avec notre monde. Qui sait, peut être, vous respirez le même air que celui de Clinton ou Yeltsin ou Sa Majesté la Reine respiraient hier, ainsi vous avez un peu de chacun d’eux en vous. Vous avez en vous un peu de chaque personne qui vit dans le monde parce que nous sommes tous reliés par le souffle. C’est une force unificatrice puissante, mais personne n’y pense. L’air, le souffle est la force qui nous connecte à la vie et aux autres personnes.
Similairement, les anciens chercheurs ont expérimenté qu’il y a une autre connexion qui nous relie avec la force cosmique. Les gens peuvent appeler cela la force de Dieu ou par d’autres noms, mais cette connexion n’est pas connue de nous, elle existe mais nous n’en sommes pas conscients. Le but dans une vraie vie spirituelle, pas une vie spirituelle sectaire, est de réaliser cette connexion. Une fois que cette connexion est réalisée, il y a une tendance aux sentiments et aux émotions. Nous lisons que des gens dans leur vie se sont déplacés avec leur famille dans différentes parties du monde. Quand tout à coup, ils se rencontrent 30 ou 40 ans plus tard, il y a une connexion immédiate, une réalisation que l’autre personne est un frère ou une sœur, un oncle ou une tante. Avant de réaliser cela, ils peuvent s’être croisés sur la route des centaines de fois sans se regarder, mais au moment où ils réalisent « cette personne est le frère que j’ai perdu au marché, il y a 30 ans » alors tous les barrages du cœur et de la tête tombent.
C’est pareil dans la vie spirituelle. Quand il y a la réalisation de la nature divine alors nous nous connectons avec cette nature. C’est un processus naturel et spontané, non pas intellectuel, mais quelque chose que l’on peut penser. Cette situation qui nous empêche de réaliser cette connexion est connue comme maya ou prakriti. Maya ou prakriti est responsable pour nous donner l’expérience de la nature finie, tandis que la nature divine est infinie. Les dimensions finies et infinies sont les deux seules dimensions de l’existence, prakriti est la nature représentant le fini et Dieu ou le transcendantal représente l’infini. Si Dieu est infini, alors la nature finie fait aussi partie de Dieu et donc même maya ou prakriti fait partie de Dieu. Ce concept a été représenté dans les Shastras du Tantra dans l’image d’Ardhanarishwara, dans laquelle Shiva est représenté moitié mâle, moitié femelle. La personne prise dans le jeu cosmique est l’individu. Si l’individu est plus près de l’infini, il n’y a pas de problème, mais quand la personne est plus près du fini, il y a un gros problème. Nous avons le problème avec notre tête, notre égo, notre mental, nos émotions, nos sens, notre intellectuel qui perdent l’équilibre. Nous sommes toujours déséquilibrés, si ce n’est pas avec le corps, c’est avec le mental ou d’autres façons. Ce déséquilibre est reconnu comme la cause de conflits, de souffrance et de la perte de la clarté de soi, qui dans le yoga est raga et dwesha, l’attraction et la répulsion.
Chacun de nous est un aimant qui a deux pôles, l’un attire, l’autre repousse. Dans nos vies aussi nous avons deux pôles – l’attraction et la répulsion – Quand nous nous identifions avec le processus de l’attraction et de la répulsion, alors nous commençons à expérimenter la joie et la frustration. Quand il y a identification avec les joies et les frustrations, il y a anxiété et insécurité. Quand nous commençons à nous identifier avec les anxiétés et les insécurités, il y a perte de clarté. Quand nous nous identifions avec la perte de clarté, il y a désillusion et incertitude. Quand nous nous identifions avec la désillusion et l’incertitude, il y a la mort du soi. Cela a été dit dans la Bhagavad Gita comme une expérience commune à nous tous.
Trouver l’équilibre :
Ainsi, le but de la vie spirituelle est de nous donner cet équilibre. C’est le seul but de la vie spirituelle. Si vous pouvez vivre une vie d’équilibre à 100 %, alors vous êtes illuminé. Si vous pouvez vivre une vie à 10 % d’équilibre, vous êtes un sadhaka, un pratiquant. Si vous pouvez vivre une vie d’équilibre et d’harmonie à 50 %, alors vous devenez un Swami. Si vous pouvez vivre une vie d’équilibre à 90 %, vous êtes un siddha. Si vous pouvez vivre une vie d’équilibre à 100 %, vous êtes illuminé.
Cet équilibre n’est pas seulement extérieur. Vous devez voir cet équilibre dans toutes les dimensions de la vie – personnelle – sociale –globale – universelle. C’est cet équilibre qui fait de vous un être qui est capable de vivre la vie finie dans le royaume de prakriti et d’avoir une expérience de l’infini dans le royaume du divin. C’est le but de la vie spirituelle. La vie spirituelle est un art de vivre. Ce n’est pas une croyance, une théorie, un concept, une philosophie ou une religion. Vous pouvez créer vos propres idées autour de l’art de vivre, c’est un sujet différent, mais l’art de vivre une vie parfaite conduit à une vie équilibrée, quelle que soit votre situation intérieure. Le Christ a vécu une vie dans laquelle il a essayé d’équilibrer les différents aspects. Buddha et Mahavira ont vécu des vies où ils ont essayé d’équilibrer les différents aspects. Les saints et les sages dans le passé ont essayé d’équilibrer leurs expressions, leur participation et leur engagement dans la vie. Les yogis aujourd’hui essayent de mener leur vie de manière équilibrée.
Il y a une théorie dans l’Advaita Vedanta qui dit que le monde est faux, illusoire et la seule réalité est la réalité elle-même. Maintenant, cela peut être le sentiment d’une personne qui a expérimenté cela et en arrive à la conclusion « ok, du point de vue de ma perspective, le monde est un rêve ». Quand nous avons un cauchemar dans lequel nous sommes persécutés et pourchassés par des gens avec des fusils et des couteaux, nous expérimentons la peur, l’anxiété, les palpitations qui sont exactement les mêmes réactions que nous expérimentons dans l’état d’éveil. Alors dans le processus de s’échapper, tout à coup, nous arrivons à uune crevasse, sautons et commençons à tomber. Nous nous réveillons, nous nous trouvons au bas du lit, et avons une vision de soulagement « Merci Dieu, c’était un rêve seulement. Personne ne me pourchassait, je suis sauf, confortable et chaud ». Cependant, quand nous rêvions, cette pensée, cette réalisation et cette conscience n’étaient pas là. Ainsi, pour un pratiquant qui a atteint la réalisation dans la vie, il est juste de dire « je suis sorti de mon sommeil, je peux expérimenter et sentir que le monde est illusoire et que la seule réalité est la réalité elle-même » C’est une expression de leur sentiment. Cependant, nous devons commencer par le commencement.
L’évolution spirituelle :
La théorie dans la vie spirituelle n’est pas la théorie de Darwin dans laquelle il y a un mouvement d’une étape à une autre. Dans la théorie de l’évolution spirituelle, il est parlé de revenir à la source ou au centre, de retourner à shoonyata ou le néant.
L’évolution d’un arbre de graine à graine, non pas de la graine au tronc, à la feuille, à la fleur, au fruit. Seulement quand la graine redevient une graine, ayant le même potentiel que la graine originale, nous pouvons dire que l’évolution est complète. De même dans nos vies, quand nous parlons d’évolution spirituelle, nous parlons de revenir à la source en ayant le même potentiel, la même pureté et la même tranquillité qu’à la source. Donc, tous les mandalas et les yantras, symboles représentant les états de la conscience, ou de l’interaction cosmique ou de l’interaction des tattwas sont contenus dans un cercle. Dans les tankas bouddhistes, il y a des mandalas et des yantras tantriques contenant les descriptions de la terre, du paradis et de l’enfer. Les figures sont représentées dans la forme d’un cercle qui n’a pas de début ni de fin, cependant, tout est contenu à l’intérieur, chaque chose se manifeste de là, chaque chose en fait partie.
Tout ce que vous avez à faire est d’apprendre comment garder votre équilibre et votre harmonie. Si vous pouvez agrandir l’espace d’équilibre dans votre vie, ce changement fait de vous un sadhaka, un sannyasin, un yogi, un siddha.


Swami Niranjanananda Saraswati

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